Thérèse Raquin ne fait pas partie de la saga des Rougon-Macquart. Elle a été écrite et publiée avant que la légendaire série ne commence et avait déjà valu le succès à son auteur. Zola soutenait que «le romancier est fait d\'un observateur et d\'un expérimentateur ». et tenait à le démontrer dans ses œuvres. Ce fut l’Ecole Naturaliste. Il expérimente ici, entre autres, les effets d’un crime sur la vie des coupables. Thérèse, parente pauvre, enfant recueillie mais robuste et pleine de vie, a été élevée avec Camille, enfant maladif et, ainsi que tout le monde s’y est toujours attendu, a fini par l’épouser… sans amour qu’il soit sentimental ou sexuel, ni d’un côté ni de l’autre. A ce stade du récit, Thérèse est strictement une victime. On l’a entretenue et à ce titre, on s’estime en droit de lui prendre sa vie. Mais elle va rencontrer Laurent, jouisseur volontiers parasite et ils découvriront ensemble l’embrasement de la passion sensuelle et le désir de jouir davantage encore d’eux-mêmes, cela dut-il nécessiter un crime de sang. Et Thérèse devient bourreau. Zola place ses cobayes dans les conditions de l’expérience et laisse les choses suivre leur cours jusqu’à leur conclusion, observant, notant, comprenant et donnant à comprendre. Il était persuadé que son travail avait l’objectivité de l’expérience scientifique et que le développement des faits présentait l’inéluctabilité de l’enchaînement mécanique… mais il semble bien au lecteur actuel qu’il n’en est rien. Qu’il n’a jamais pu extraire qu’une possibilité, une situation, une combinaison entre mille, ce qui n’ôte rien à l’intérêt de sa recherche et au caractère prenant du récit qu’il nous fait car Zola, ne l’oublions pas, n’est jamais ennuyeux. A noter : les romans d’Emile Zola comportent toujours des scènes de pure documentation socio-historique de son époque. Ici, le passage évoquant les us et coutumes des dépôts mortuaires dépasse tout ce que nous pouvons imaginer