Thérèse raquin
A l’analyse des caractères, Emile Zola entend substituer celle des tempéraments. Le roman montre les conséquences de la rencontre entre les tempéraments nerveux de Thérèse et sanguin de Laurent. Mais, au-delà de l’étude clinique, Emile Zola met en scène les conséquences tragiques, universelles et intemporelles, de la confrontation entre un mari, une femme et son amant. 1) Thérèse et Laurent : les amants meurtriers a) Thérèse, un tempérament nerveux
* Les affres du désir
* Fille du frère de Madame Raquin et d’une algérienne « d’une grande beauté » (chapitre II, page 25), Thérèse est censée être marquée par son origine nord-africaine. L’influence de l’hérédité expliquerait alors son tempérament nerveux. Pendant son enfance, elle est obligée d’étouffer son énergie dévorante, car elle doit partager le lit de Camille et les soins qui lui sont prodigués. Elle prend l’habitude du mensonge et de la dissimulation : son apparence calme contraste avec son existence intérieure, « brûlante et emportée » (chapitre II, page 27). * Thérèse est une femme fatale, mue par le désir. Elle se donne à Laurent avec fièvre et sans retenue : « On eût dit [...] que des flammes s’échappaient de sa chair » (chapitre VII, page 53). Cette rencontre la libère et lui donne une incroyable audace. * La conscience de la transgression serait même pour elle un puissant aiguillon. La mort de son mari occasionne aussi celle de son désir pour Laurent. Le mariage, que les amants ont pourtant tant attendu, les laisse faire face à leur crime, dans un tête-à-tête oppressant et violent. Ils n’avaient pas compris que le triangle amoureux qu’ils formaient avec Camille donnait seul sa dynamique au désir.
* Ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente
* Thérèse n’est pas la meurtrière. Mais elle laisse faire le meurtre, dont elle est la complice consciente. Elle révèle, tout au long du récit, un tempérament