Tim guénard - plus fort que la haine : incipit
Il était iroquois. Quand ma mère l'a quitté, le poison de l'alcool l'a rendu fou. Il m'a battu à mort avant que la vie ne poursuive le jeu de massacre. J'ai survécu grâce à trois rêves : me faire renvoyer de la maison de correction où j'étais placé - un exploit jusqu'alors jamais accompli ; devenir chef de bande ; tuer mon père. Ces rêves, je les ai réalisés. Excepté le troisième. C'était à deux doigts... Durant des années, la flamme de la vengeance m'a fait vivre.
Dans la prison de ma haine, des personnes habitées par l'Amour m'ont visité et m'ont mis à genoux dans mon cour. C'est à ceux que notre société rejette, les cassés, les tordus, les handicapés, les " anormaux ", que je dois la vie. Et une formidable leçon d'amour. Je leur dédie ce livre. Ils m'ont permis de renaître.
Cette rencontre inattendue avec l'Amour a bouleversé mon existence. Je vis aujourd'hui dans une grande maison claire, sur les hauteurs de Lourdes, avec Martine, ma femme, Églantine, Lionel, Kateri et Timothée, nos enfants. Plus quelques personnes de passage qui font halte chez nous en attendant de reprendre la route. Ce matin, j'ai posé mes ruches sur le versant de la montagne. Demain, je les emmènerai ailleurs, vers d'autres fleurs, d'autres parfums. Je savoure le silence des collines qui m'emportent dans leurs chevauchées vers l'horizon.
Une abeille voltige autour de moi, elle bourdonne près de mon visage, retourne à la fleur, déjà lourde de pollen. Sa vie est réglée comme une partition. Elle joue les notes de son hérédité, ces ordres séculaires transmis par son code génétique. L'abeille, comme tout animal, ne peut rien changer à son comportement programmé. L'homme, oui. L'homme est libre de bouleverser son destin