Torture - Voltaire
Introduction
La notion de dictionnaire est nouvelle pour le XVIIIème, cela faisait partie de la philosophie des Lumières qui recensait les connaissances. Cela permet d'échapper à la censure, cela s'adresse à tout le monde, c'est efficace l'article est de longueur modérée. Les articles ne sont pas neutres, certains prennent la forme de pamphlet. L'enjeu du texte Torture est la dénonciation de la torture, pratique courante et banale du XVIIIème, elle était cautionnée par l'Eglise. C'est cette notion que Voltaire dénonce. Nous ferons cette lecture en deux axes : les différents angles d'approche du problème et les différents éléments de l'énonciation.
Lecture du texte
Torture
Les Romains n'infligèrent la torture qu'aux esclaves, mais les esclaves n'étaient pas comptés pour des hommes. Il n'y a pas d'apparence non plus qu'un conseiller de la Tournelle regarde comme un de ses semblables un homme qu'on lui amène hâve, pâle, défait, les yeux mornes, la barbe longue et sale, couvert de la vermine dont il a été rongé dans un cachot. Il se donne le plaisir de l'appliquer à la grande et à la petite torture, en présence d'un chirurgien qui lui tâte le pouls, jusqu'à ce qu'il soit en danger de mort, après quoi on recommence ; et, comme dit très bien la comédie des Plaideurs : " Cela fait toujours passer une heure ou deux ".
Le grave magistrat qui a acheté pour quelque argent le droit de faire ces expériences sur son prochain, va conter à dîner à sa femme ce qui s'est passé le matin. La première fois madame en a été révoltée, à la seconde elle y a pris goût, parce qu'après tout les femmes sont curieuses ; et ensuite la première chose qu'elle lui dit lorsqu'il rentre en robe chez lui : " Mon petit coeur, n'avez-vous fait donner aujourd'hui la question à personne ? "
Les Français, qui passent, je ne sais pourquoi, pour un peuple fort humain, s'étonnent que les Anglais, qui ont eu l'inhumanité de nous prendre