Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces
1. Dans ses répliques, Béranger ne cesse de mettre en valeur la supériorité de l’homme sur l’animal. La différence entre les deux espèces tient à la nature de la loi qui les régit comme l’affirme Béranger.
2. Selon Jean, la notion d’humanisme n’a plus de raison d’être au moment où il s’exprime. En déclarant que « l’humanisme est périmé », il prétend saper les fondements mêmes de la civilisation occidentale. Alors que l’humanisme prône la grandeur de l’être humain et les valeurs de tolérance, Jean fait montre d’une brutalité qui reflète son désir de s’émanciper de cette vieille rengaine « sentimentale ».
3. La rhinocérite est un processus de métamorphose qui réduit progressivement la part d’humanité de Jean. Ce travail de sape se révèle tout au long du dialogue : alors qu’il accepte le jeu de l’échange polémique dans un premier temps (l. 1 à 22), il se met ensuite à adopter une attitude bestiale comme le suggèrent les didascalies (« soufflant bruyamment », l. 22 ; « il barrit presque », l. 31 ; « il barrit de nouveau », l. 34). Cette mutation se révèle plus précisément au terme de l’extrait dans la didascalie aux lignes 40 à 45. Son apparence humaine disparaît au profit de celle d’un rhinocéros (« La bosse de son front est presque devenue une corne de rhinocéros », l. 42-43). Dernier signe avant coureur de sa mutation : la perte de tout langage articulé et cohérent (« [il] fait entendre des sons inouïs », l. 45).
4. « Le comique dans mes pièces devient de plus en plus un outil pour faire contrepoint avec le
Eugène Ionesco,
Rhinocéros, ^•§‚
^ p. 28‚-28^
Objectifs : Dans Rhinocéros, Eugène Ionesco s’interroge sur la notion d’inhumanité en recourant à une allégorie : le rhinocéros. Jean et Béranger représentent deux postures contradictoires face au phénomène de la « rhinocérite ». Dès lors, un des enjeux consiste à analyser les moyens mis en œuvre par le dramaturge pour rendre sensible le processus de déshumanisation à l’œuvre sur scène.
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