Tout est pour le pire dans le pire des mondes possibles
1520 mots
7 pages
Le XIXème siècle, avec sa révolution industrielle, ses progrès scientifiques et technologiques, a vu émerger un nouveau type de personnage littéraire, celui du savant fou qui tire profit des sciences pour répandre le mal, souvent par cupidité. Ce côté sombre du personnage et de son dessein le fait assimiler, dans les romans, à une source de danger et de mystères. Il fascine et inquiète.
Jules Verne, dans Les Cinq Cents Millions de la Bégum, sacrifie à cette mode littéraire. Deux héritiers se partagent un héritage fabuleux. L’un, le docteur Sarrasin, fonde France-Ville, une ville idéale, utopique. L’autre, le professeur Schultze, un Allemand, construit Stahlstadt, la Cité de l’Acier avec ses usines et ses fabriques d’armement. À une période où le souvenir de la guerre franco-allemande de 1870 est encore tout neuf, le message de l’auteur est clair : à travers la description angoissante d’un univers oppressant et le portrait d’un personnage mystérieux et puissant, la dénonciation des dérives mégalomanes d’individus maléfiques qui menacent le monde est évidente.
Jules Verne a mis en place un univers imaginaire qu’il va progressivement rendre oppressant :
- en faisant référence au ‘quantitatif’, il multiplie les précisions
chiffrées traduisant la démesure de la cité :
..des lingots de « quarante mille kilogrammes »
.. les sommes d’argent qui sont demandées
.. les volumes, les masses des canons qui sont de plus en plus importantes.Or, ces indications ne concernent que les fabrications des « concurrents » de Herr Schultze, déjà impressionnantes. Jules Verne met ainsi en valeur le gigantisme des réalisations du professeur qui dépassent ces chiffres et l’entendement humain ; il ne les exprime pas directement mais laisse le lecteur imaginer la démesure de cet univers par des expressions imagées : ligne 18 Herr Schultze ne connaît pas de limites, ligne 19 demandez lui un canon d’un poids quelconque et d’une puissance quelle qu’elle soit, il vous servira ce canon. Et en plus,