« C’est seulement lorsque l’immortalité de la vie individuelle devint le dogme central de l’occident, c’est-à-dire à l’avènement du christianisme, que la vie sur terre devint aussi le souverain bien de l’homme » écrivait Hannah Arendt dans Condition de l’homme moderne. En effet, la vie est ce qu’un homme a de plus précieux et c’est pourquoi, de prime abord, il considère qu’il faut la respecter à tout prix. Penser la vie est une gageure en ce qu’elle est en elle-même l’essentiel, l’évanescent que l’on ne peut définir. Elle ne désigne rien de concret, d’objectif, n’est pas un objet et est présupposée dans l’acte même par lequel elle est pensée. Parle-t-on de tout organisme vivant, de toute vie humaine ? La démarche est différente mais, dans tous les cas, dictée par une posture morale, religieuse, écologique… Si le respect est une notion claire et rigoureusement définie –par Kant notamment –la vie n’est en revanche ni une réalité, observable et indiscutable, ni une substance. Toute vie, en tant que vivant et vécu, a-t-elle des devoirs et droit au respect du fait de sa nature ? Toute vie est-ce tout organisme vivant ? Toute vie humaine ? Des valeurs telles que la liberté, le devoir, le respect donc, sont-elles l’apanage de n’importe quelle forme de vie ? Pourquoi respecter l’être humain d’une manière général ? En quoi cela influe-t-il sur sa manière de vivre en groupe ? Quelles implications à un respect sans bornes des hommes ? Toutes les vies, tous les hommes, se valent-ils simplement parce qu’ils sont « vivants », composés de matière ?

Premièrement, le respect, comme le devoir qui en résulte, concilie obligation et liberté. Est-ce l’attribut de n’importe quelle vie ? La vie peut-elle fonder un système de droits et de devoirs ? Quelle(s) vie(s) est (sont) à respecter ? D’abord, voyons ce qu’est le fait de respecter la vie. Ensuite, chez Kant, seules les personnes humaines méritent le respect tel qu’il le définit

Comment doit-on considérer la vie