Toutes les opinions se valent-elles?
La vérité désigne ici le savoir certain de quelque chose. Que la vérité dérange, voilà qui nous oblige à penser que la vérité, même scientifique, n'est pas dans le ciel de l'esprit pur. La vérité est aux prises avec des croyances, des dogmes, des préjugés. Elle n'est donc pas neutre, mais au coeur des lignes de force qui s'affrontent tant dans la vie mentale que sociale.
L'illusion n'est pas une erreur pure et simple. La connais¬sance vraie ne la dissipe pas ; j'ai beau savoir que le bâton n'est pas tordu quand je le plonge dans l'eau, je ne peux m'empêcher de le voir tel. Comme l'indique le sujet, l'illusion se définit moins comme négation de la vérité que par une fonction positive qui serait de repousser une vérité connue. On dira en ce sens qu'elle n'est pas ignorance, mais plutôt méconnaissance.
La valeur des apparences selon. Nietzsche
D'après Nietzsche, l'homme est pour le moins enclin à confondre son besoin de croire à quelque chose avec une quête de vérité. En effet, « croire, c'est tenir pour vrai ». Or, pour vivre et pour agir, nous avons sans cesse besoin de croire. Ce que nous appelons « vérité », ce sont donc les croyances dont nous avons besoin, en tant qu'individus ou en tant qu'espèce. La vie se nourrit d'illusions vitales, de croyances auxquelles il nous faut croire, non parce qu'elles sont vraies, mais parce qu'elles sont nécessaires à la vie. Il se pourrait donc que l'idée même de vérité soit notre plus ancienne erreur, notre seule erreur. Elle nous conduit, depuis Platon au moins, à disqualifier le témoignage de nos sens pour chercher, derrière les apparences, un « monde vrai », une vérité. C'est pourquoi Nietzsche peut s'écrier : « l'art a plus de valeur que la vérité », parce que l'art nous désapprend à aller chercher derrière