Tpe engrenage
Ce roman épistolaire, composé de quatre-vingt lettres, présente les réflexions et les états d'âme d'un jeune homme en proie au « désordre de l'ennui ». Ce roman, qui s'apparente à un journal intime, développe l'expression personnelle, et privilégie l'analyse aux dépends de l'action.
Quand le jour commence, je suis abattu ; je me sens triste et inquiet ; je ne puis m'attacher à rien ; je ne vois pas comment je remplirai tant d'heures. Quand il est dans sa force, il m'accable ; je me retire dans l'obscurité, je tâche de m'occuper, et je ferme tout pour ne pas savoir qu'il n'y a point de nuages. Mais lorsque la lumière s'adoucit, et que je sens autour de moi ce charme d'une soirée heureuse qui m'est devenu si étranger, je m'afflige, je m'abandonne ; dans ma vie commode, je suis fatigué de plus d'amertumes que l'homme pressé par le malheur. On m'a dit : vous êtes tranquille maintenant. Le paralytique est tranquille dans son lit de douleur. Consumer les jours de l'âge fort, comme le vieillard passe les jours du repos ! Toujours attendre, et ne rien espérer ; toujours de l'inquiétude sans désirs, et de l'agitation sans objet ; des heures constamment nulles ; des conversations où l'on parle pour placer des mots, où l'on évite de dire des choses ; des repas où l'on mange par excès d'ennui ; de froides parties de campagne dont on n'a jamais désiré que la fin ; des amis sans intimité ; des plaisirs pour l'apparence ; du rire pour contenter ceux qui bâillent comme vous ; et pas un sentiment de joie dans deux années ! Avoir sans cesse le corps inactif, la tête agitée, l'âme malheureuse, et n'échapper que fort mal dans le sommeil même à ce sentiment d'amertume, de contrainte, et d'ennuis inquiets : c'est la lente agonie du cœur ; ce n'est pas ainsi que l'homme devrait vivre. Oberman, Senancour, lettre XLVI, 1804
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Rappel de la procédure à suivre