Pour Marx, le mode de production capitaliste consiste dans la combinaison de la production marchande et du travail salarié. Conformément à sa méthode d’exposition, il développe d’abord dans le livre I du Capital la théorie de la production marchande simple, en faisant donc abstraction du salariat, ce qui lui permet d’exposer les catégories de la marchandise, de la valeur et de la monnaie. Une fois ces rapports simples et abstraits analysés, il passe à un niveau plus complexe et concret en introduisant le rapport salarial et la transformation consécutive de la monnaie en capital. Il progresse alors de la théorie de la production marchande simple à celle de la production capitaliste. Cette dernière est toutefois appréhendée un niveau encore relativement élevé d’abstraction, dans la mesure où la présentation est centrée sur le rapport individuel entre le travailleur salarié et le capitaliste, le passage conceptuel à l’analyse en termes de la classes n »intervenant qu’a la fin de l’ouvrage.
La difficulté bien connue du début du Capital ne tient pas seulement au pastiche hégélien avoué par Marx, elle découle aussi du procédé qui cherche à faire découvrir au lecteur ce qui est caché derrière les apparences et de l’enquête à la Sherlock Holmes qui va conduire de la marchandise au capital.
L’économie marchande simple représente un modèle hypothétique – car n’ayant jamais dominé historiquement, tel un mode de production fondé sur le producteur-échangiste. Ce dernier possède ses moyens de production, travaille lui- même avec ces derniers, et échange une partie de ses produits contre ceux d’autres producteurs (ou contre de la monnaie). Le salariat et l’entreprise sont absents, la motivation essentielle des producteurs consiste à se procurer, en grande partie par l’échange, des moyens de subsistance pour eux-mêmes et leurs familles. C’est une économie d’artisans et de paysans individuels, produisant de façon autonome pour l’échange – assez proche du modèle de l’«