Peu après avoir fêté mes onze ans, je fus victime d'un coup monté. Je jouais du violon depuis quelques années. C'était mon loisir, ma détente, mon hobie, ma passion, et, c'est devenu, suite à ce terrible épisode, ma peur, mon cauchemar, mon plus grand dégoût.

Alors que je faisais des progrès étonnants, mes parents, réjouis, voulurent m'inscrire au conservatoire. Je me souviens qu'ils m'avaient dit que j'allais jouer mon plus beau morceau au directeur du conservatoire afin qu'il évalue mon niveau. Je fus heureux de montrer mes capacités à un violoniste de haut niveau et loin d'imaginer ce que l'on me réservait... Arrivé à ce que je pensais être le conservatoire, mes parents me présentèrent à un homme et me laissèrent avec lui. Son visage ne me sembla pas inconnu et je fus saisi par son regard. Au-delà du côté sévère qu'il dégageait, j'y vu un je ne sais quoi d'inquiétant, d'angoissant, d'effrayant, de terrifiant...
Il me plaça sur une scène, un immense rideau rouge en velours fermé devant moi et me dit : « Je vais derrière le rideau, montre-moi ce dont tu es capable. »
Mon violon bien calé dans le creux de mon cou et mon archet en place entre mes doigts, j'attendis un signal pour commencer. Quelques secondes plus tard, je découvris le tour abominable que cet homme et mes parents m'avaient préparé. Les rideaux s'ouvrirent tout à coup. Devant moi, s'étendait une salle immense et remplie. Le monde entier s'était donné rendez-vous là, face à moi. Les spectateurs crièrent mon nom et plus ils criaient, plus j'étais pétrifié. C'est à cet instant que je n'entendis plus, juste des bourdonnements tels des milliers d'abeilles qui susurrèrent à mon oreille. J’eus le temps de repenser aux auditions que je passais plus petit. A l'inquiétude, à l’appréhension que je ressentais avant d'y aller, à la peur et à l'angoisse qui m'envahissaient lorsque je jouais. Je me souvins de cet homme, il était au fond de la salle à ma dernière audition. J'en voulu encore