La Satire Ménippée, œuvre littéraire de la fin du XVIe siècle, reflète les idées de la bourgeoisie parisienne et laisse alors transparaître un programme très absolutiste : après une longue période de troubles, un rétablissement de l’ordre et un renforcement de l’Etat sont nécessaires, n’ayant pour seul représentant le roi. C’est ainsi qu’apparait la notion de « monarchie absolue ». Forme la plus poussée de la souveraineté, l’absolutisme cherche à concentrer entre ses mains l’autorité et à centraliser l’administration. Si ce dogme l’emporte à cette période, c’est notamment car il a pour appui la bourgeoisie, possédant la fortune. A l’instar de Jean Bodin, Charles Loyseau le jurisconsulte le plus important du XVIIe siècle rédige en 1614 le Traité des Seigneuries, date à laquelle le royaume de France est sous la régence de Marie de Médicis car son fils Louis XIII est encore trop jeune pour accéder au trône. Inaugurant une riche tradition juridique, ce texte – à portée législative et royale – est destiné à mettre en lumière l’absolutisme monarchique. Mais dans quelle mesure le reflète-t-il ? Si celui-ci est marqué par la primauté de la souveraineté (I), il est cependant possible de constater que ce dogme est limité (II).
I) Un absolutisme marqué par la primauté de la souveraineté
Cette doctrine royale met en avant une notion nouvelle : la souveraineté. Jean Bodin la définissait comme « la puissance absolue et perpétuelle de la République ».
A. La souveraineté, caractère fondamental de l’Etat
Si le grand publiciste Jean Bodin la détermine de cette façon, c’est parce qu’elle garantit à l’Etat son bon fonctionnement et constitue son caractère fondamental. En effet, « la souveraineté est du tout inséparable de l’Etat, duquel si elle était ôtée ce ne serait plus un Etat » (l.1-2).
De plus, cette notion nouvelle « est la forme qui donne l’être à l’Etat » (l.2), elle est une sorte de pilier pour l’Etat car elle assure la suprématie de l’autorité