2°2 Les caprices de Marianne Marianne sortait de chez elle, un livre de messe à la main quand une sorte d’entremetteuse l’aborde. Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ? Que me voulez-vous ? Elle eut alors le reflexe de se méfier. Elle n’aimait pas trop qu’on l’aborde. Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier il cherche vainement l’occasion de vous l’apprendre. Son nom est Coelio ; il est d’une noble famille et d’une figure distinguée. Elle en eut marre. Elle n’était pas de ces filles faciles qui étaient assez bêtes pour se laisser séduire par n’importe qui. Elle était fidèle et aimait son mari. L’entremetteuse partit plus loin et retrouvit Coelio. Eh bien ! Ciuta, qu’a-t-elle dit ? demanda impatiament Coelio. Plus dévote et plus orgueilleuse que jamais. Elle instruira son mari, dit-elle, si on la poursuit plus longtemps. Coelio, plus déçu que jamais baissa la tête et fronça les sourcils. Ah ! Malheureux que je suis, je n’ai plus qu’à mourir. Ah ! La plus cruelle de toutes les femmes ! Et que me conseilles-tu, Ciuta ? Quelles ressources puis-je encore trouver ? demanda Coelio. Ciuta tapota l’épaule de Coelio. Puis il prit un air grave, Claudio, le mari de Marianne arrivait. Es-tu mon fidèle serviteur ? Mon valet de chambre dévoué ? Apprends que j’ai à me vanger d’un outrage. Dit-il. Vous, monsieur ? répondit son valet, Tibia. Moi-même, puisque ces impudentes guitares ne cessent de murmurer sous les fenêtres de ma femme. Il baissa la voix, prit un air très sérieux et regarda dans les yeux son valet. Tu m’iras chercher ce soir le spadassin que je t’ai dit. Poursuivit-il. Tibia resta dubitatif, Claudio continua en baissant encore plus le son de sa voix pour que ce ne soit qu’un murmure. Je crois que Marianne a des amants. Vous croyez, monsieur ? Oui ; il y a autour de ma maison une