Travailler est-ce seulement utile ?
Quelle est la vocation du travail et pourquoi travaillons-nous ? Ne travaillons-nous que pour des raisons purement utilitaires ? Le travail n’obéit-il pas à d’autres fins et dans l’affirmative lesquelles ?
Pour beaucoup le travail c’est le labeur. En latin, le travail c’est le labor et il s’assimile à un tripalium ou à l’instrument de torture. Si d‘aucuns acceptent cette souffrance c’est parce qu’elle doit leur procurer un bien en contre-partie. Qui dit travail dit salaire. Nous travaillons souvent pour un travail rémunéré ou une reconnaissance ou une contrepartie. Le travail est utile afin d’obtenir ces biens en échange. Mais le travail ne sert-il qu’à cela ? Peut-on penser travail et inutilité ? Peut-on travailler sans raison apparente et simplement pour travailler ? Certains, le pensent, ce sont les bourreaux de travail. Ce faisant, et ce que nous souhaitons montrer ici c’est qu’en agissant ainsi ils nient même l’idée de travail et qu’en le niant ils en oublient ce pour quoi il est fait qui est son contraire à savoir le loisir.
Le travail est utile mais il ne l’est pas pour lui-même. Il est utile car il sert à permettre l’épanouissement de son contraire : le loisir. Ceux qui soutiennent le contraire sont plus que des songe-creux et ceux-ci sont nombreux en ces temps où le bénévolat se développe pour transformer souvent les hommes en esclaves plus qu’en travailleurs, esclaves à la solde de certains qui ne veulent plus que du loisir, un loisir lui-même au détriment de leurs semblables.
Pour essayer de mettre en oeuvre cette idée, il convient sans doute de montrer pourquoi il est intrinsèquement impossible en droit de penser travail sans utilité. Nous verrons ensuite pourquoi en fait ce droit est ignoré et nous chercherons enfin dans un dernier moment pourquoi ce fait est si souvent ignoré.
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En droit travail et utilité sont intimement liés. L’utile c’est d’abord l’outil et nul ne peut efficacement