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Dickens s'emploie à dénoncer la superficialité d'une société fissurée en divisions de classes, corrompue par l'avidité du gain, l'incompétence du pouvoir, le gaspillage de la vie urbaine vouée au matérialisme et les relations prédatrices qu'entretiennent entre eux les êtres humains. Pour symboliser la déréliction de ce monde en décomposition, il utilise les décharges londoniennes, tumuli de rebuts déversés pêle-mêle (dust heaps), le cours du fleuve charriant des cadavres, les oiseaux de proie humains détroussant les morts et fouillant sans relâche dans les ordures. Ainsi, il associe une satire mordante à un réalisme noir, un fond traditionnel de fantastique et de contes de fée à une mise en garde contre les périls montants et, comme toujours, propose en antidote les valeurs morales qu'assurent la bonne volonté et un altruisme bien orienté.
Il fait aussi montre d'originalité dans la construction de l'intrigue qui se signale par sa cohérence, voire un certain raffinement dans la complexité ; de plus, malgré la surabondance de cadavres, testaments et complots, il abonde en scènes humoristiques où fraicheur d'observation et verve se déploient avec audace. Considérant en effet qu'une voix unifiée ne saurait à elle seule représenter la fragmentation de la société moderne et rendre compte de l'instabilité du monde qu'elle génère, Dickens donne à son narrateur, pourtant moins