Tribune
Le fantastique se caractérise comme une intrusion brutale du surnaturel dans la vie quotidienne. Dans son Introduction à la littérature fantastique, T. Todorov écrit : «Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel.». Cette définition convient-elle aux oeuvres fantastiques que nous connaissons ? Nous étudierons en premier lieu les événements déroutants, d’où le fantastique est issu. Nous parlerons ensuite de l’hésitation qu’il produit chez le personnage. Enfin, nous évoquerons celle qui est transmise au lecteur par l’intermédiaire de ce dernier.
Dans chaque nouvelle, le fantastique est introduit par quelque chose d’étrange, de déroutant . Le fantastique vient en effet briser le quotidien du personnage. Dès le titre, le lecteur se trouve plongé dans une atmosphère mystérieuse. Par exemple, l’évocation de la chevelure dans le titre de la nouvelle de Maupassant annonce le thème de l’histoire. Effectivement, dans cette nouvelle, il s’agit du pouvoir mysterieux d’une chevelure, appartenant probablement à une défunte, qui semble vivante et qui exerce un étrange pouvoir d’attraction sur le personnage. Dans la nouvelle de Jean Richepin, Le miroir, il en va de même, le thème est aussi immédiatement introduit par le titre, et le personnage subit lui aussi ce désir, ici de ce qu’il voit dans le miroir. On peut d’ailleurs supposer qu’il en meurt. Quand le narrateur, intrigué par le titre, commence la lecture , il est plongé dans un cadre spatio-temporel générateur d’angoisse. Dans La chevelure, l’histoire débute dans un asile de fous, lieu effrayant en lui-même. Chez Jean Lorrain, dans L’inutile vertu, le fantastique survient dès qu’il y a des bois ou de l’eau. Les bois sont synonymes d’ombre, de lieux méconnus, où l’on ne sait pas à quoi s’attendre. Dans le registre fantastique, l’eau symbolise le passage entre le monde