Tude Paul Et Virginie
Publié en 1788, ce récit est la quatrième partie d’un ouvrage intitulé Études de la nature, déjà paru en 1784. Séparé de l’œuvre d’ensemble, ce court récit remporte aussitôt un vif succès et assure la célébrité de son auteur. Il révèle au voyageur épris d’exotisme, les paradis de l’île Maurice où Bernardin de Saint-Pierre, ingénieur du roi, a vécu pendant deux ans (de 1768 à 1770). De son séjour à l’île de France, Bernardin de Saint-Pierre avait rapporté un récit épistolaire, Voyage à l’isle de France (1773). Mais c’est avec Paul et Virginie que se confirme son talent d’écrivain.
Quel lecteur s’aventurerait aujourd’hui, sans réticence et sans préjugés, dans la lecture de Paul et Virginie ? Souvent défini comme un roman mièvre, pétri de bons sentiments, Paul et Virginie est un roman désaffecté. Dont seuls quelques doux rêveurs osent encore aborder aux rives mythiques !
Paul et Virginie est le roman d’une idylle. L’idylle de deux enfants qu’un sort commun a réunis dans un même univers. Paul est le fils naturel de Marguerite, fille de paysans bretons, abusée par un gentilhomme et contrainte d’aller cacher « aux colonies » sa faute. Virginie, elle, est la fille de Madame de La Tour, que son époux, « mort des fièvres pestilentielles », laisse veuve et bientôt mère sur les bords d’une île perdue dans l’océan Indien. Son nom est l’île de France. L’île est le troisième personnage du roman.
Île lointaine, l’île de France est difficilement accessible. Protégée et enclose sur elle-même, elle est une matrice. Une matrice arcadienne qui abrite la vie d’une petite communauté, bien organisée, vivant en autarcie, grâce à l’office de son industrie et aux bienfaits de sa