Tunis
Charles Bonn Université Lumière-Lyon 2
C’est un constat banal que de souligner le peu de place que tiennent les littératures francophones, et plus particulièrement celles du Tiers-Monde ou des Immigrations, dans l’enseignement universitaire français. Or on sait aussi que par le biais entre autres des « postcolonial studies », que précédaient les « gender studies », ces mêmes littératures francophones, perçues comme davantage en rapport avec l’actualité politique mondiale, sont souvent la voie d’accès essentielle, hors de France, à ce qu’il reste d’enseignement de littérature française. Et que c’est plus particulièrement à travers la thématique centrale du transnational, des migrations ou des minorités que ces littératures francophones intéressent les lecteurs étrangers. Le comparatisme français quant à lui est le plus souvent limité à l’étude, comparative ou non, d’« aires linguistiques », qui sont de plus majoritairement européennes. « Quelle langue comparez-vous à quelle langue ? » est la question implicite ou explicite à partir de laquelle on « classe » les comparatistes pour établir des équilibres entre aires linguistiques au sein des sections de littérature comparée. Et ceci exclut bien sûr la francophonie, supposée monolingue et donc non comparatiste. Ces départements ou sections de littérature comparée ainsi définis apparaissent donc implicitement comme des annexes sous-appréciées des départements de langues étrangères, et au mieux comme des annexes tout aussi dépréciées des départements de littérature française. Une telle conception du comparatisme et des « aires linguistiques » suppose des identités closes et fixes, reposant sur une cohérence entre identité et langue, dont la littérature dans chaque langue considérée serait la garantie, l’affichage rassurant. Elle exclut les identités problématiques, migrantes, transnationales, et