« Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. » Montesquieu, L’Esprit des lois.

Montesquieu (1689-1755) a beaucoup voyagé avant d’écrire ce qui deviendra son œuvre majeure : L’Esprit des lois (1748). Dénigré par les religieux, qu’ils soient jésuites, jansénistes ou théologiens, cet ouvrage fut interdit par le pape mais connut aussi un large succès chez un grand nombre de ses contemporains. Certains encyclopédistes en firent ses louanges et Catherine II de Russie se laissa même influencer par son esprit innovant et perçant. Il a été publié 27 ans après Les Lettres persanes où déjà Montesquieu, essayant de garder l’anonymat, se mêlait de politique et critiquait le régime français pris sous le regard de voyageurs persans. Dans L’Esprit des lois, Montesquieu concentre ses observations et réflexions sur trois modèles politiques : la monarchie qu’il définit par l’honneur, la république basée sur la vertu et la passion de l’équité et enfin le despotisme, régime d’oppression où seul régit le principe de peur. Dans ce contexte, quand Montesquieu énonce : « Aujourd’hui, nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières », il en revient surtout à souligner que voyager ouvre l’esprit et renverse les idées reçues. Le régime politique idéal n’est pas forcément celui prôné par nos pères et maîtres mais le monde ouvre de nouveaux horizons qu’il est de notre devoir de découvrir voire même de privilégier. Mais avant toute chose, qu’entend-on par « éducation » ? Le Petit Robert la définit premièrement par la « mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être humain » et cite Rousseau : « On façonne les plantes par la culture, et les hommes par