Dans l'ordre des tétraodontiformes, plusieurs espèces sont susceptibles de contenir de la redoutable tétrodotoxine. Les intoxications humaines concernent essentiellement les espèces du genre Tetraodon appelées fugu en japonais (Figure 6 ) [65]. C'est en effet dans ce pays que l'on consomme le plus ces espèces après une minutieuse préparation pour ôter les parties contenant les toxines. Celles-ci se concentrent dans les gonades et le foie, et dans une moindre mesure dans la peau, les intestins et la graisse dorsale des poissons. Bien que les cuisiniers ayant l'autorisation de proposer un plat à base de tétrodon doivent passer un véritable diplôme d'état japonais, les accidents ne sont pas exceptionnels, et la mortalité atteint 60 % à 70 % des intoxiqués. Des observations d'intoxication ont été collectées en France et dans d'autres pays occidentaux après erreur d'étiquetage et importation de filets de fugu vendus sous le nom de lotte [66]. Notons que les poissons hérissons (Diodon ), poissons-lunes, poissons-coffres et certains balistes accumulent aussi dans leurs tissus la tétrodotoxine, mais ces espèces ne sont pratiquement pas consommées par les humains. Il n'est pas certain que cette toxine soit sécrétée par les poissons eux-mêmes, car des colonies de vibrion (Vibrio alginolyticus ) productrices de tétrodotoxine ont été retrouvées dans les viscères de tétraodontiformes. Les poissons ne feraient donc que distribuer les toxines produites en eux dans différents organes pour devenir dangereux pour leurs prédateurs. Le tableau clinique est caractérisé par l'apparition rapide des symptômes (de 5 minutes à 3 heures), les patients n'ayant quelquefois pas le temps de terminer leur repas. On observe des picotements et une anesthésie buccale, un engourdissement des extrémités, des céphalées, des troubles digestifs, puis une brutale paralysie musculaire. Le risque de dépression respiratoire est important. Le traitement est basé sur le maintien d'une bonne oxygénation avec