Nouvelle écrite par un étudiant de niveau C1, 1er semestre IRFFLE 2014

Un conte de la mare aux canards
De l’obscurité de l’île sortit le roi le cygne qui se rendit devant ses sujets. À la lente allure réfléchie, cette forme blanche était suivie de deux autres, la reine et le prince. Deux coqs ornés le flanquaient ; le héron s’attardait, le bec dans un livre, les lunettes devant des yeux pénétrants. Couronnée et capée, cette arrivée majestueuse évoqua le silence du vol entier rassemblé sur l’eau, hormis l’oie de Guinée qui marmonnait des paroles inintelligibles à la louange du spectacle. Les pattes, oranges et géantes, au bord de l’île, légèrement élevées, le cygne attendait le decrescendo de cette oie flagorneuse. Le toucher de l’aile de la reine le soulagea enfin de sa transe soumise. Le roi commença son discours. La reine bâillait, le prince rêvassait, les coqs ratissaient les feuilles, et le héron lisait encore plus furieusement. L’oie tenait le rouleau, en faisant constamment oui de la tête. Ce n’était que la vérification périodique du script par son rédacteur, ce héron érudit, qui rompait le charme. Après toutes les salutations possibles, le roi arriva enfin à son message :
— « La liberté, voire la survie, de notre royaume de la mare aux canards se trouve menacée. Surtout le dimanche, chaque après-midi, parfois le matin, presque chaque heure de la journée mais rarement la nuit, arrivent les animaux dont demeure le comportement inexplicable, de taille largement variable, à deux pieds, qui se tiennent en général debout. De leurs pattes de chair, ils nous offrent du pain.
Dieu que j’aime cela. Je me souviens d’un joli jour d’avril où une femelle enfantine m’a offert du croissant aux amandes—» Le roi jeta un coup d’œil vers le héron toujours inconscient. En sautant cette digression gourmande de son scribe, le roi arriva enfin à son message :
— « En bref, nous dépendons trop de ces petits plaisirs. En vrai, nous ne savons plus nous nourrir. La solution me paraît