Contre critique de l’article de Gautier paru dans La presse (1851), à propos du tableau de Courbet, Un enterrement à Ornans :

Théophile Gautier est un poète romantique et un critique d’art français. Dans son article, paru dans le journal La presse[1] du 15 Février 1851, il adresse des critiques véhémentes à Gustave Courbet pour son œuvre Un enterrement à Ornans[2]. Il s’agit d’un tableau réaliste aux dimensions exceptionnelles, qui représente une cérémonie funèbre où les habitants d’Ornans sont réunis autour d’une fosse pour enterrer un des leurs. La toile est un portrait de groupe où les personnages sont de grandeur nature. Les traits des visages sont accentués, ce qui permet de distinguer et de reconnaître les villageois, qui sont au nombre de 46 au moins.

Selon Gautier, la précision du lieu et les personnages qui sont réels et identifiables ôtent au tableau sa dimension universelle et le rabaisse au rang d’une simple anecdote. Le spectateur qui se serait adonné librement à « une extension du sujet » s’en trouverait empêché à cause du réalisme de Courbet, qui a situé la scène dans un lieu connu et qui a choisi pour personnages, des personnes réelles. De même, et selon le même critique, le sujet du tableau est vulgaire, car parmi toutes les beautés de la nature, le peintre a choisi un thème obscur, celui de l’enterrement, et des personnages vulgaires, petits bourgeois et paysans endimanchés, montrés dans toute leur laideur et leur grossièreté. Courbet est accusé d’exhiber une esthétique du laid, de surcroît, dans des dimensions habituellement réservés aux peintures mythologiques et historiques. Gautier est scandalisé de voir une poignée de paysans vulgaires, élevés au rang des dieux de l’Olympe et des personnages illustres de l’Histoire : « Une toile de quelques pieds eût suffit au sujet, mais non à l’ambition du peintre, voulant lutter de taille avec les compositions historiques, et faire entrer dans le salon carré des