Un grand suisse
Jean Ziegler, membre du Conseil des Droits de l'Homme aux Nations Unies, ancien rapporteur sur l'alimentation, n'est plus à présenter. Son dernier pavé dans le marigot de la bonne conscience des « Pays du Nord » s'intitule LA HAINE DE L'OCCIDENT1. Après L'EMPIRE DE LA HONTE , où il détaillait le terrifiant mouvement de reféodalisation du monde par les sociétés transcontinentales, il analyse dans ce dernier livre la haine longtemps refoulée qui resurgit chez les peuples colonisés, une haine suscitée par la criminalité économique, le chaos social et écologique, la négation des cultures du Sud, vues, au mieux, comme d'aimables phénomènes folkloriques.
AUX ORIGINES DE LA HAINE
« Pour aimer les hommes il faut détester ce qui les opprime » J. P. Sartre
Pour Jean Ziegler le « ce » est essentiel car il représente les structures du système inhumain qui tue en un an plus de monde que la 2ème guerre mondiale en a tués en six ans : 59 millions en 2007, victimes des épidémies, de l'eau polluée, de la faim et des guerres civiles.
La même phrase sans « ce » donne: « On déteste qui opprime ». Elle exprime alors la haine pathologique, celle des kamikazes du 11 septembre ou celle inspirée par le mouvement Patchakuti en Bolivie dont le programme est simple: se débarrasser des Q'aras, les Blancs.
LE TEMPS DU RETOUR DE LA MEMOIRE
Mais, pour Jean Ziegler, il faut d'abord que l'Occident reconnaisse ses crimes passés et présents.
Les événements vécus par les peuples du Sud ont été si traumatisants qu'ils ont été enfouis très profondément, mais continuent de hanter leur mémoire et d'alimenter leur haine.
En premier lieu: l'ignoble traite esclavagiste et ses 20 millions de victimes. La non repentance des Occidentaux, leur refus d'en reconnaître la nature criminelle, s'accompagne parfois d'un discours brutalement raciste, comme celui de Sarkozy en Afrique, sur lequel Jean Ziegler revient longuement. Mais ce racisme est en général plus