Un homme tirait au sort toutes ses décisions, il ne lui arriva pas plus de malheurs qu’à ceux qui réfléchissent.
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Il est courant d’entendre des personnes dire «laisse le hasard décider à ta place», car en effet si l’on en croit Paul Valery : «Un homme tirait au sort toutes ses décisions, il ne lui arriva pas plus de malheurs qu’à ceux qui réfléchissent.» Nous sommes donc devant un certain dilemme. On oppose tout d’abord «un homme» cité par l’article singulier indéfini mais ne qualifiant aucun homme particulièrement en l'opposant volontairement à tous les autres à travers le pronom «ceux» qui sépare alors cet homme désigné comme seul, apparent, à une masse que l'on ne peut pas citer. Le fait que l’on parle de «tirer au sort» pose alors la question de hasard, le libre arbitre, la conscience de l’individu. Mais peut-on tirer au sort ses propres décisions en étant conscient de le faire ? Cela peut parfois être vu comme une simple prise de risque afin d'éviter certaines choses que l’on tente d’éviter, des événements ou encore des répercussions en devant par la suite en assurer les conséquences. Lorsque l’on nous dit par la même occasion qu’il s’agit de «toutes ses décisions», n’est-il pas encore là question de généraliser, englober la situation, à travers l’adjectif indéfini «toutes» afin de ne pas avoir à traiter cas par cas les décisions prises ? Car le fait de «tirer au sort toutes ses décisions» ne génère-t-il pas une certaine dimension absurde ? En effet il est impossible de ne décider d’absolument rien en se laissant vivre puisque cela vient en contradiction même avec la conscience. Or l’homme n'est pas capable de faire ce vide car «l’homme pense» et de ce fait il décide. Le fait de pouvoir prendre des décisions nous confère un choix, synonyme de liberté intellectuelle. Ainsi, en nous empêchant de faire ces choix pour laisser cette opportunité au hasard, ne peut-on pas plutôt assimiler cela à une simple automutilation, une privation, plutôt qu’à un manque de considération et un laisser aller ? En effet nous nous ôtons la liberté de pouvoir décider en laissant autre chose