Le structuralisme en littérature expliqué aux néophytes par un néophyte

Le théâtre est régi par des lois immuables que personne ne connaît. Cette remarque plaisante d’un dramaturge, ne pourrait-on pas l’appliquer au texte littéraire? Surtout quand on songe aux critiques vagues, dites impressionnistes, dont il fut l’objet pratiquement jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle. Cependant, dès cette époque, un vent de changement se lève. Mallarmé, entre autres, s’interroge sur la nature du texte. Se dessine alors un virage conceptuel qui insiste sur la nécessité de mettre en « formes » les lois qui régissent le texte. La tradition sera alors secouée par des linguistes, des sémioticiens, des sociologues, des psychologues mêmes. Et dans le sillage de ces premières frondes, si l’on peut dire, émergeront, au long du vingtième siècle, des courants comme l’approche sociologique, l’approche psychanalytique, les théories de la lecture, etc. Parmi ces précurseurs, se retrouvent les formalistes russes; ils seront les premiers à mettre l’accent sur le fait que l’analyse d’un texte relève d’un système autonome : il fallait voir le texte en lui-même, faire jaillir du sens des éléments qui le composent. Et non pas le voir comme étant chargé de la pure mission de représenter le réel, ou encore, de le considérer comme porteur d’un message pédagogique, pour ne pas dire moralisateur.
La conception des formalistes russes est particulièrement intéressante car elle annonce la venue des structuralistes dont la théorie allait faire florès dans les années cinquante à soixante-dix. Les structuralistes, qui feront l’objet des pages qui suivent, vont comme les formalistes, mettre l’accent sur la nature autonome du texte et l’analyser comme un tout dont les composants sont « interconnectés ». Ils appliqueront une véritable méthode scientifique, que Barthe qualifie d’hpothético-déductive . Il s’agit de formuler l’hypothèse que chacun des éléments d’une machinerie complexe possède du sens, non