Un plaisant
C’était l’explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d’une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort.
Au milieu de ce tohu-bohu et de ce vacarme, un âne trottait vivement, harcelé par un malotru armé d’un fouet.
Comme l’âne allait tourner l’angle d’un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, cruellement cravaté et emprisonné dans des habits tout neufs, s’inclina cérémonieusement devant l’humble bête, et lui dit, en ôtant son chapeau : « Je vous la souhaite bonne et heureuse ! » puis se retourna vers je ne sais quels camarades avec un air de fatuité, comme pour les prier d’ajouter leur approbation à son contentement.
L’âne ne vit pas ce beau plaisant, et continua de courir avec zèle où l’appelait son devoir.
Pour moi, je fus pris subitement d’une incommensurable rage contre ce magnifique imbécile, qui me parut concentrer en lui tout l’esprit de la France.
Présentation et analyse de la scène.
– Le poème se passe le jour du nouvel an, dans la rue.
L’auteur emploie une métaphore en utilisant le mot « explosion » renvoyant à quelque chose d’a la fois terrifiant, puissant et surtout bruyant lorsqu’il présente la scène en nous indiquant cela se passe à Paris, ensuite il emploie une hyperbole avec le mot je cite« Chaos » et les mots «traversé des milles carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs », c’est une exagération volontaire dans but de marquer la position de Baudelaire sur ce qu’il pense du nouvel an et de l’engouement des gens envers cette fête et cela se vérifie avec les mots « délire officiel d’une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort ».
On peut comprendre que Paris est en fête, Paris s’agite et fait du bruit, il emploie par la suite le mot vacarme qui renvoie au bruit, pour