Un robot walrasien. cotation électronique et justesse de la découverte des prix.
Dans son article, Fabien Muniesa s’interroge sur le thème de l’informatisation et l’automatisation des marchés financiers à travers un élément particulier, la “découverte des prix”, en s’appuyant sur le cas de la modernisation de la Bourse de Paris. Il démontre en plusieurs temps, l’impact de la rationalisation marchande sur l’approche des théories économiques dites néoclassiques, comme celle de L. Walras. Il s’appuie notamment sur des textes académiques qui prônent l’automatisation des cotations et rejoignent de ce fait la notion de “robot walrasien”, démontrant ainsi les avantages évidents de la nouvelle technologie sur les marchés financiers. Il illustre cette analyse d’un exemple comparatif entre deux systèmes de clôture de bourse - à Madrid et à Paris, en montrant une fois encore que l’aboutissement à un prix “plus réel” est le résultat de l’algorithme d’une machine et non de calculs d’agents extérieurs.
En 1986, la Bourse de Paris s’automatise : la criée du Palais Brongniart est supprimée au détriment de cotations électroniques. Dans un contexte tendant à la modernité, l’enjeu est d’abolir un marché traditionnel en faisant migrer la Bourse de Paris vers une confrontation automatique des ordres de ventes et d’achats, dont la contrepartie serait déterminée par un algorithme. Il s’agit alors du système CAC, emprunté au système CATS développé précédemment par la Bourse de Toronto. Plusieurs raisons à cette décision qui s’inscrit dans un programme de réforme du financement de l’économie en France, en concurrence avec les marchés boursiers londoniens et américains déjà à un stade d’informatisation plus avancé. Ce système de cotation en continu permet d’éviter le monopole personnel de la corporation des agents de change sur la cotation. La sociabilité est plus abstraite et on assiste à une médiatisation marchande. Cela