Un roman doit il faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs?
Stendhal disait que le roman était un « miroir que l’on promenait le long du chemin ». Par la métaphore du miroir, il montrait la dimension réaliste principale, selon lui, dans le roman. Cependant, Stendhal à aussi été le premier à ponctuer ses romans d’intrusions d’auteur afin de se moquer de ses personnages et d’anéantire l’illusion du réel. Par conséquent, on peut se demander si, « un roman doit chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ». Le romancier se doit-il donc de créer à tout prix des effets du réel afin que le lecteur soit transporté dans un univers fictionnel ou au contraire est-il plus judicieux pour lui de briser cette illusion afin de rappeler sans cesse que le lecteur n’est confronté qu’à des hommes de papier, des conventions littéraires ? Nous verrons tout d’abord qu’il peut être important pour le romancier de donner l’illusion du réel par sa création des personnages réalistes puis nous observerons qu’un roman peut aussi gagner à détruire l’illusion réaliste en construisant des personnages dont la dimension fictive est clairement revendiquée. Lorsqu’il crée son personnage, le romancier doit chercher à lui donner une dimension réaliste pour que le lecteur puisse croire à l’existence de celui-ci. Pour parvenir à faire oublier au lecteur qu’un personnage est fictif, un romancier dispose de nombreux moyens. Tout d’abord, il peut, par exemple, fonder sa fiction sur la présence de personnages historiques. Ainsi Alexandre Dumas dans La reine Margot fait revivre Henri de Navarre, Marie de Médicis ou encore Marguerite de Valois : le lecteur est alors immédiatement disposé à oublier la dimension fictionnelle du personnage et croit avec naïveté à la sincérité de tous les propos raconter. Les romanciers naturalistes ont choisi une autre voie : ayant pour ambition de peindre sans artifices le réel, ils placent et construisent des protagonistes placés