Philippe Grimbert – Un secret

« Fils unique, j’ai longtemps eu un frère. »
C’est sur cette phrase ambiguë et énigmatique que s’ouvre le roman de Philippe Grimbert, Un secret. Le narrateur du roman raconte dans les deux premiers chapitres les souvenirs de son enfance. Le « je » est Philippe lui-même qui s’imaginait un frère, invisible mais doué (begabt) de toutes les qualités physiques et mentales qu’il aurait aimé avoir lui aussi.

Non seulement cette toute première phrase est énigmatique, mais une série d’autres aspects de la vie du petit Philippe qui font référence à ce qui va se dévoiler plus tard comme le grand secret de cette famille: le baptême chrétien, la circoncision, le changement du nom, la découverte du petit garçon sur le grenier de sa maison etc. Au cours de la lecture du premier chapitre on rencontre un garçon maladif, solitaire et mélancolique qui nous raconte de sa personne, de son aspect physique insatisfaisant et de son milieu familial y inclus Louise, la kinésithérapeute qui lui fait régulièrement des massages.

Dans le deuxième chapitre, le narrateur nous présente sa famille, ses parents beaux et sportifs, et comment il s’imaginait l’histoire de leur amour. Il remonte dans le temps de la 2e guerre mondiale et nous raconte de leur séjour à la campagne dans la zone libre où ils auraient vécu le bonheur parfait. On apprend que le père Maxime éprouve une passion possessive pour Tanja, sa femme, un amour qui n’aurait pas voulu d’enfants. Vers la fin du 2e chapitre, le narrateur passe en revue la vie des premières années d’après-guerre pleines de privations et les débuts de leur commerce avec des articles sportifs. Le deuxième chapitre termine sur la constatation quelque peu laconique du narrateur qu’après sa naissance, il n’a survécu que « grâce aux bons soins des médecins » et à l’amour de sa