Un utopiste jurassien claude françois adrien de lezay marnésia (1735 1800)
Conférence du mardi 4 juin 2002 par Roger Bergeret aux Amis du vieux Saint-Claude
La Franche-Comté est décidément une terre féconde en utopistes. Après Antide Janvier et son projet de cité horlogère à la Chartreuse de Montdieu, les Amis découvraient cette fois l’un de ses contemporains, Claude François Adrien de Lezay-Marnésia, dernier prévôt du Grandvaux, écrivain des Lumières et utopiste.
Le conférencier évoqua d’abord, schéma et carte à l’appui, l’étonnante ascension d’une famille au cours des presque six siècles qui précèdent la naissance de Claude-François-Adrien. Leurs ancêtres (de Lezay, ou de Les Haies, ou de Lézat ) furent probablement des “ colons ” (agriculteurs) ou “ abergataires ” (défricheurs) que les abbés de Saint-Claude, rentrés en possession de tout le Grandvaux au XIIIe siècle, avaient désigné comme prévôts, c’est à dire “ officiers de justice ” : fonction modeste dans une région probablement encore en grande partie vide. Cette charge comportait en principe la justice haute, moyenne ou basse, mais avec possibilité d’appel devant le tribunal de l’Abbé. L’ascension fut progressive, lente, tenace. Dans une Franche-Comté successivement terre d’Empire, bourguignonne, habsbourgeoise, espagnole et enfin française, les Lezay étendirent progressivement leur influence et leurs possessions (seigneuries, terres, forêts, immeubles) hors du Grandvaux. Entre le XIIIe et le XVe siècle, cette expansion se fit d’abord dans la Terre de Saint-Claude, dont ils devinrent capitaines (commandants de la milice), tandis que certains entraient dans la ville comme “ bourgeois ”. Puis on les vit “ descendre ” en direction de la vallée de l’Ain, acquérir par inféodation, mariage, achat, des seigneuries ou portions de seigneuries à Moutonne, Bessia, Rothonay, Présilly, Vernantois, Marnésia, Courlaoux, Saint-Julien. La période la plus faste semble avoir été la Guerre de Dix ans (1634-1644) que