Une charogne
Où était donc passé Max ? Le bâton lancé était passé par-dessus la haie, le labrador s’était élancé et avait lui aussi disparu derrière le mur végétal en se glissant dessous. Mais il n’était pas revenu. L’angoisse gagna Jean. Peut-être que son chien s’était perdu … le parc était si grand ! Il décida de faire un grand détours pour contourner la haie. Il fut soulagé quand il vit Rex tendant le bâton à un lecteur assis sur un banc. Comme il avait été stupide d’avoir été aussi anxieux ! Le labrador s’était tout simplement trouvé un nouveau compagnon de jeu. Il s’approcha de l’homme pour s’excuser d’avoir troublé sa lecture :
- Je suis désolé, monsieur …
Le lecteur leva les yeux de son livre. La voix de Jean s’arrêta brusquement. Ces cheveux blancs, cette moustache, ces petits yeux gris … Monsieur Chauvé, son professeur de français de cinquième ! Cet homme ne jurait que par les livres, ses lectures, alors que l’adolescent détestait lire ! Quel soulagement quand, à la fin de l’année, il était parti à la retraite ! Il y avait des milliers de personnes dans cette ville et il avait fallu que Max aille le voir, lui, son bourreau !
- Bonjour, Jean ! lança-t-il sur un ton amical.
- Bonjour, monsieur, marmonna l’adolescent.
- Tu te souviens de moi n’est-ce-pas ?
Bien sûr qu’il se souvenait de lui, comment aurait-il pu oublier les poèmes sur Victor Hugo, les textes de Emile Zola, les de Guy de Maupassant ? Il faisait dans chacun de ses cours une quantité débordante de mots. Il préférait de loin les jeux vidéo. Il passait ses journées devant son écran d’ordinateur, il bâclait ses devoirs pour se précipiter sur sa machine adorée, pour jouer. Mais il fut tiré de ses réflexions par une question :
- Que fais-tu ici ?
- Et bien, je promène mon chien …
- Non, je veux dire ici, à Pau, rectifia-t-il, je ne crois pas me souvenir que tu habites ici.
- Et bien je suis actuellement en classe de seconde au lycée de Montardon, répondit