Une déclaration d'amour douloureuse
Acte II, scène 9
« Lisette, quelque éloignement…que je souffre ! »
[Présentation œuvre]
Cette scène est la deuxième entrevue entre Dorante et Silvia. Elle se situe juste après l’aveu amoureux des valets, au registre comique. Si la première rencontre des deux maîtres était placée sous le signe de la galanterie et du badinage, puisqu’elle nous montrait la « surprise de l’amour », celle-ci va se distinguer par sa gravité et par la souffrance que vont éprouver les personnages.
Nous montrerons comment, avec cette scène à la tonalité grave, Marivaux met à l’épreuve ses personnages pour nous décrire les désordres de la passion.
Nous étudierons donc dans un premier temps le dialogue amoureux caractérisé par la sincérité de Dorante et la mauvaise foi de Silvia, avant de montrer que la surprise de l’amour fait place à l’épreuve et à la souffrance.
Un dialogue amoureux entre aveu et mauvaise foi La composition de l’extrait : du marivaudage* à la tirade de fin
(*Echange de propos amoureux, d’une grande finesse et d’une grande vivacité)
•Extrait débute par un échange vif (marivaudage) : les répliques sont brèves « comme tu voudras », les pronoms « tu » et « toi » sont repris d’une réplique à l’autre, ainsi que des propositions « je t’en prie ».
Cet effet d’écho rend le dialogue vif, les personnages sont en désaccord, se querellent.
•Les répliques de Silvia deviennent ensuite de plus en plus longues, jusqu’à la tirade de fin.
Le volume des répliques indiquent que Silvia mène la conversation. Dorante se contente de réagir à son propos en poussant des exclamations.
Les personnages utilisent dans la scène un discours foncièrement différent : La sincérité de Dorante
•Dorante appelle au dialogue, à la sincérité. On note la répétition des verbes de parole « parler », « parlons ».
Il emploie un verbe d’obligation : « je suis forcé de te parler ». il lui faut dire son amour sous peine d’étouffer.
•Dorante prête