Une habitation sucriere aux antilles aux xvii et xviii sciecles
I L’Habitation, une unité de production
1 L’Habitation, un espace agricole La Caraïbe est devenue la principale région mondiale pour la production du sucre à partir du milieu du xviie siècle, puis a connu une expansion à marche forcée au siècle suivant, marqué par le commerce triangulaire vers les îles françaises et anglaises. La production sucrière a pris son essor en trois vagues : dans les années 1640 à la Barbade, au début des années 1670 dans l'ensemble Guadeloupe, Martinique, Jamaïque, puis à Saint-Domingue à la toute fin du xviie siècle. Son moteur est la très forte rentabilité des plantations, à une époque où les occasions de s'enrichir sont rares, faute d'industrie.
Cette expansion se fit dans un environnement très militarisé, dominé par les conflits politico-religieux entre monarchie et parlement anglais, puis par la nécessité de mettre au pas une immigration blanche sauvage qui alimenta les rangs des flibustiers, pour la remplacer par une immigration noire dans le cadre de la traite négrière. La Barbade sera premier producteur mondial jusqu’en 1700, année où la Jamaïque la rejoint, avant d'être à son tour dépassée par Saint-Domingue en 1720.
Saint Domingue a alors une grande place dans la production agricole, tout comme dans la Jamaïque.
La production sucrière de Saint-Domingue connaît un essor fulgurant : elle passe de 6 000 tonnes par an en 1715 à 10 000 en 1720 (contre 9000 à la Jamaïque), avec 47000 esclaves contre 3600 en 1686. En 1740, la Barbade produit 7 000 tonnes de sucre par an, la Jamaïque 10000, pour 24 000 tonnes au total dans les Antilles britanniques. Entre 1722 et 1730, le nombre d'esclaves en Jamaïque stagne à 80.000 et en 1730 le total des Antilles anglaises est dépassé par celui des Antilles françaises.
La production de toutes les Antilles britanniques passe de 19400 tonnes en 1700 à 22600 en 1710-1714, soit une progression de seulement 15 %, alors que la