Sûrement le plus beau film de Renoir. Bien que le tournage ait été interrompu à de nombreuses reprises à cause, notamment, du mauvais temps, et que Renoir ne put finir le tournage, les négatifs du film furent conservés durant la Seconde Guerre Mondiale par Henri Langlois, le directeur de la Cinémathèque Française. En 1946, ce dernier appelle deux monteurs et leur confie les rushs initiaux, puisque Renoir ne souhaitait pas retoucher son film, depuis sa mésentente avec Prévert. Pour pallier aux scènes non tournées, deux cartons explicatifs sont insérés.

Si tout a déjà été dit sur les rapports entre le film de Renoir et les peintures impressionnistes de son père Auguste, ainsi que sur l'influence du Front Populaire où Renoir était inscrit à l'époque, il faudrait ici s'intéresser à un point sans doute tout aussi essentiel dans l’œuvre, à savoir le personnage de Henriette et son rapport au monde.

On sait l'attachement que porte Maupassant à évoquer la découverte de l'érotisme chez les jeunes filles, que ce soit dans Une vie ou dans Partie de campagne justement. Mais cette découverte s'accompagne toujours d'une déception et d'un regret (la méchanceté de Maupassant est sans limites de ce côté là), que ce soit le regret d'un amour délaissé ou l'impossible renouveau de cette sensation. Dans cette nouvelle, c'est le personnage de Henriette qui va subir la cruauté de l'écrivain et qui sera reprise par Renoir.

La famille Dufour va à la campagne pour se ressourcer loin des tracas et des bruits de la ville. Deux canotiers, Henri et Rodolphe vont faire la cour aux demoiselles, et Henri va se charger de Henriette. Pourtant, la jeune fille est déjà bel et bien en émoi dans cet environnement champêtre. La séquence de la balançoire est à ce titre significative puisqu'elle représente l'ivresse des sens de Henriette. La caméra va se plier au mouvement de la jeune fille sur la balançoire, dans un travelling d'accompagnement avant et arrière. Ce plan en mouvement effectue un