Une promesse
Dans leur maison Ker Ael, ils guettent chaque jour la visite de l'un de leurs "petits" qui ont fait une promesse, il y a dix mois déjà. Mais peut-on lutter indéfiniment contre le cours de la vie? Il y a Bosco, le frère d'Étienne, le socle du groupe; Paradis qui fait tinter ses clés; Ivan qui voudrait tant ressembler à Lénine; l'Andouille que le silence tue à petit feu; Léo qui ne se remet pas de la mort de sa belle Angèle et marche à côté de son vélo; Blancheterre, le jeune professeur, et Madeleine, la douce et émotive Madeleine.
Tous les jours, ils se rendent à Ker Ael, ouvrent les rideaux, changent les draps, installent la table... Puis ils vont au bar de Bosco boire le verre de promesse.
Étienne et Fauvette étaient leurs repères, des parents de substitution; les sept amis ont grandi à leurs côté et se sont nourris auprès du couple : nourris de mots et d'amour. Aujourd'hui, ils luttent contre l'oubli et la mort. Mais dix mois, c'est long, dix mois de deuil à en perdre les raisons.
J'ai ouvert ce roman car il fait partie de la sélection du prix des lecteurs du Livre de Poche, et que j'ai la chance cette année de compter parmi les membres du jury.
Je n'en avais jamais entendu parler auparavant, et ne me sentais pas particulièrement attirée par le titre et la couverture. Et pourtant, dès les premières phrases, Sorj Chalandon a su me prendre dans les mailles de son filet. Avec un vocabulaire dépouillé et une syntaxe apparemment simple, l'auteur réussit à faire naître des images aussi puissantes que poétiques. Sorj Chalandon économise les mots mais jamais les images. L'écriture, en ce sens, est le reflet des personnages qui composent l'histoire : des taiseux au grand coeur. Chaque mot est soigneusement pesé avant d'être prononcé : Elle a ouvert le livre au milieu, au hasard. Elle aime surprendre les