Une vie
Il semble que Maupassant ait mis six années à le rédiger. Au départ, le projet de Maupassant était d’écrire un roman à l’intrigue plus complexe, mettant en scène des personnages plus nombreux que dans la version définitive. La complexité de l’entreprise le poussa dans un premier temps, en 1878, à abandonner le projet pour le reprendre ensuite, en 1881. Le canevas imaginé par l’auteur changea très vite d’aspect, l’histoire fut considérablement réduite et il se concentra sur un personnage essentiel : celui de Jeanne. La tâche qu’il s’était octroyée lui semblait insurmontable, comment réussir un coup de maître dans un genre nouveau et plus long que celui qu’il avait jusqu’alors exploité ? Son appréhension quant à son talent de romancier se traduit par un profond pessimisme et un découragement latent dont témoigne une des lettres adressées à sa mère datant de août 1878 : « C’est rudement difficile, surtout pour la mise en place de chaque chose… »
Dès 1881, alors que la rédaction de Une vie reprend et progresse, il écrit en parallèle des nouvelles publiées dans les journaux qui lui permettaient de percevoir un apport financier. Les sujets traités dans ces nouvelles sont en réalité des ébauches de scènes de Une vie. Dans la nouvelle Par un soir de printemps, publiée dans Le Gaulois le 7 mai 1881, il est question de la promenade de Jeanne et de Julien, une scène qui est reprise au chapitre IV de son roman. De même, la nouvelle Vieux Objets, parue dans le Gil Blas le 29 mars 1882, semble être un premier jet de la rêverie de Jeanne au chapitre XII de Une vie.
L’histoire de Une vie se situe, non pas en 1883, mais en 1819, soit un demi-siècle avant, ce qui fait une des particularités de ce roman puisqu’il est le seul à être antérieur à la date de rédaction, une idée reprise de Flaubert qui situe Madame