Une vie
Le père est un père pigmalion qui modèle l'ame de sa fille comme un sculpteur ; il voulat « la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable. » Il a voulu préserver sa fille en la retirant du monde, dans un couvant : « Il l'avait tenue là sévèremment enfermée, cloitrée. » Il croit en la possibilité de transformer l'Homme par l'éducation et il fait confiance en la nature puisqu'il veut la plonger « au milieu de la terre fécondée ». Jeanne devra découvrir la séxualité par l'observation de la nature mais cette conception idyllique n'est-elle pas dangereuse pour une jeune fille « chatse ». Le champs lexical de l'innocence est présent : « chaste », « ignorante », « naïve ».
Le narrateur se focalise sur Jeanne qui semble faire une apparition puisqu'elle était au paravant vloitrée. Les deux verbes « apercevoir » et « distinguer » renforcent l'illusion romanesque. On a l'impression qu'elle vient d'un autre siècle puisque « elle semblait un portrait de Véronèse ». La lumière est changeante comme l'indique les adverbes « parfois » et « souvent ».
Le narrateur offre une esquisse privilégiant le visage et le buste. Son visage à la paleur aristocratique laisse une impression de fadeur : le blond délavé des chaeux, la blancheur de sa peau, le duvet qui est pâle. Le choix de l'adjectif « opaque » pour les yeux est peu flatteur tout comme la comparaison avec « des bonshommes en faïence de Hollande ». Le gros plan sogrenu (=bizarre) sur le duvet et surtout les grains de beauté avec « des poils indistincts » interdit tout sentiment d'admiration et achève de banaliser la jeune