une étude de rythme dans Moravagine
Le passage en question, (de la page 47 à la page 49), est constitué des dernières pages du sous-chapitre « e) Son origine – Son enfance » et à l’intérieur du chapitre deux « VIE DE MORAVAGINE idiot ». Il succède l’annonce d’une première perte di Rita « J’aurais désiré la voir nue. Je le lui dis un jour. Elle ne voulut jamais y consentir. Elle espaça ses visites. ». De ces phrases, du refus de Rita et de l’échec de Moravagine, naît une frénésie poétique dans laquelle la passion pour l’inanimé et la répulsion pour la réalité se déploient jusqu’à l’éclosion, jusqu’au meurtre. Ensuite, le passage précède la fuite avec Raymond qui suit le meurtre, une fuite assez rapide, avec pour décor, un autre meurtre raconté de manière factuelle et sans détails. Ce bouleversement ne peut être dépourvu de descriptions psychiques précises de Moravagine, ne peut être dépouillé des représentations poétiques et des délires qui accompagnent les actes de ce dernier. C’est pourquoi la voix de celui-ci est nécessaire. Une voix. La voix de celui qui ressent, qui voit, qui crée, qui construit un monde dans lequel il agit. Moravagine n’est narrateur que ponctuellement, mais lorsqu’il l’est, la progression narrative passe au deuxième plan et la pulsion, le rythme qui l’anime, au premier.
La notion qui servira de pivot au cours de cette analyse est celle de Rythme. Ce terme se définit par la « distribution d'une durée en une suite d'intervalles réguliers, rendue sensible par le retour d'un repère » selon Grand Robert en ligne, mais le rythme qui se déploie au cours de l’extrait en question est à la fois en accord et en désaccord avec cette définition. Le rythme fonctionnera en tant qu’axe organisant les contradictions. Les contrastes relèveront du rythme à proprement parler, au niveau du texte, et des articulations que le rythme crée dans le texte. Le rythme en tant que pulsion premièrement. Le chef d’orchestre dirigeant faits et pensées. Le rythme. Une prédisposition