Une œuvre d’art peut-elle ne pas être belle ?
Oui, une œuvre d’art, c’est-à-dire le résultat de l’activité créatrice (l’art), une création, le résultat d’un enchaînement d’inventions imprévisibles dont les règles ont été inventés au fur-et-à-mesure de la création, peut ne pas être belle, si nous partons du le principe qu’un jugement esthétique, acte de l'esprit par lequel nous déterminons si une chose est belle ou laide est toujours subjectif, c’est-à-dire qui appartient à quelque chose en tant que sujet d'attributs ou prédicats, qui a rapport au sujet mais qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur, mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit, qui relève de l'expérience interne, qui ne concerne que le seul sujet pensant et pour finir, qui appartient ou dépend de la vie psychique d'un individu ou d'une disposition du sujet qui perçoit. Le beau, du latin bellus (joli, charmant) est une norme d’appréciation de jugement esthétique qui s’applique aussi bien aux objets naturels qu’aux produits de l’art. Le beau répond aussi à un certain idéal esthétique, nous avons donc à faire à un problème de critère et de fondement. Le beau est une catégorie esthétique parmi d’autres, définie par l’harmonie, l’équilibre et la juste mesure.
Ce qu’on nommait autrefois les « beaux-arts » ; les formes classiques de l’art ainsi entendu permettaient de le définir par son effort pour produire de la beauté, mais son évolution au cours des dernières décennies aussi bien que les difficultés rencontrées lorsqu’il s’agit de définir une beauté pure qui puisse valoir toutes les cultures et toutes les époques, mènent les esthéticiens contemporains à renoncer à toute allusion au beau. (« La notion de beau ne cesse d’être dangereuse que pour devenir inutile : elle nomme plutôt qu’elle ne résout le problème », Mikel Dufrenne.) Dès lors, l’art apparaît comme un domaine particulier de la pratique humaine, qui participe aussi bien du ludique que de la recherche plus