UNIBEATS
L'auteur est censé être un Américain nommé Vernon Sullivan que Boris ne fait que traduire. D'Halluin est enthousiaste72. Boris, en introduction du livre, prétend avoir rencontré le véritable Vernon Sullivan et reçu son manuscrit de ses mains73. Il y voit des influences littéraires de James Cain, il met en garde contre la gêne que peuvent occasionner certaines scènes violentes. Jean d'Halluin a même prévu de publier des bonnes feuilles dans Franc-Tireur. Tous deux espèrent un succès sans précédent. Les premières critiques indignées leur donnent l'espoir que le scandale sera égal à celui soulevé par la publication du roman de Miller, et la critique du roman par Les Lettres françaises, qui le traite de « bassement pornographique », fait monter les enchères74.
Mais il lui faut bien vite déchanter lorsque France Dimanche et l'hebdomadaire L'Époque réclament des poursuites pénales identiques à celles qu'a connues Henry Miller75. D'autre part, on annonce la parution d'un deuxième Vernon Sullivan. Mais déjà, Jean Rostand, l'ami de toujours, se déclare déçu. Boris a beau se défendre d'être l'auteur du livre, un certain climat de suspicion règne chez Gallimard, qui refuse du même coup L'Automne à Pékin. Selon Philippe Boggionote 6, seul Queneau a deviné qui était l'auteur et trouve le canular très drôle76.
« L'honneur » réservé à Henry Miller touche aussi, malheureusement, Boris Vian, qui est attaqué en justice par le même Daniel Parker et son Cartel d'action sociale et morale76. Boris