Dans ce cadre général on imaginerait sans difficulté une nouvelle étape de l’expansion capitaliste, fondée sur la croissance accélérée des périphéries actives (Chine, Asie de l’Est, Inde, Amérique latine), la reprise de la croissance en Europe de l’Est et dans l’ex URSS, comme dans l’Union Européenne, tandis que le monde marginalisé africain et islamique serait abandonné à ses convulsions. L’intensification des échanges entre les différentes régions dynamiques du monde soutiendrait le projet. Cependant, à mon avis, plus on s’avancerait dans cette direction, plus les échanges entre les régions en question s’intensifieraient et plus la nouvelle polarisation fondée sur les cinq monopoles de la triade prendrait de l’ampleur. Dans cette perspective les écarts entre les niveaux de développement des régions n’iraient pas en s’atténuant, au contraire la distance entre les centres et la nouvelle périphérie s’élargirait. Immanuel Wallerstein imagine que, dans le chaos durable dans lequel le monde est installé la contradiction principale opposera désormais deux centres en compétition violente : les Etats Unis (qui auraient déjà perdu la position hégémonique qui fut la leur de 1945 à 1990, en dépit de l’espace d'autonomie relative tolérée pour l’Union soviétique) et l’Europe. Dans ce cadre les Etats Unis et le Japon consolideront leur alliance stratégique (le Japon n’ayant pas d’autre choix possible) entraînant derrière eux les semi périphéries d’Asie (la Chine en particulier) et d’Amérique latine, tandis que l’Europe intégrera dans son aire de domination la nouvelle semi périphérie russe. C’est un scénario qui me paraît peu probable, tout d’abord parce qu’il suppose que l’Europe existe en tant que force politique unifiée, ce qui n’est pas le cas, pour l’avenir visible tout au moins. Pour le moment donc l’Europe est parfaitement alignée sur la stratégie américaine dans toutes ses dimensions. Même à l’égard de l’Afrique – longtemps « chasse gardée » des