Utilité de la poésie
Il est souvent pensé depuis Platon que toute création artistique traduisant la sensibilité, la beauté, les sensations n'aurait en fait pas d'utilité pour l'humanité, et que celle-ci pourrait finalement s'en passer. Pas si sûr...
Au commencement fut le verbe et avec lui le langage. Homo sapiens sapiens, dans le but de passer des émotions ressenties, des connaissances acquises et diverses informations, créa à partir de signes et de sons codifiés la communication humaine et ses divers avatars : les langues humaines.
Ces outils d'échanges d'abord oraux et ensuite écrits qui constitueront l'embryon des civilisations pré-antiques, serviront à la transmission culturelle d'événements, récits de tribus, clans et peuplades, rôle qui sera dévolu à des conteurs chargés de passer la mémoire et les connaissances de ces premiers hommes.
Ceux que l'on allaient appeler par la suite poètes (du grec poeir) allaient sortir de ce simple cadre de conteurs en innovant et en faisant appel à des règles spécifiques qu'ils se fixeraient à l'aide d'une codification spécifique, caractéristique, reprise ensuite par leurs successeurs.
Amené à lutter contre l'usure du sens des mots, alors que tout récitant est simplement appelé à créer l'intérêt de son auditoire, le poète va se faire visionnaire de l'humanité en renouvelant les formes du langage par l'utilisation de rythmiques, de rimes, de figures imagées, suscitant l'incompréhension de ses pairs tout en se mettant à l'écart des autres domaines de connaissance humaine.
Paradoxalement cet art littéraire, traité par la plupart des hommes à travers tous les âges et époques comme une chose belle mais inutile, va s'immiscer et être repris par ces mêmes disciplines humaines en raison de ses innovations textuelles et sémantiques. La religion lui prendra ses mythes, ses questionnement et sa quête de sens ; les Mathématiques relieront le langage poétique à la science des nombres dés l'époque médiévale à partir du