Utopie new europa
Nous sommes à Londres, ville de Big Ben et de Jack l‘éventreur, mais ce dernier n’a pas voix au chapitre. En effet, ces événements se passent en 1878, quelques temps avant que ce tueur méticuleux ne sévisse et de plus c’est mon histoire qui sera contée, pas celle non élucidée d’un psychopathe inconnu. Je me nomme Edward Nolway, fils indigne de Sir William Jonh Nolway, armateur richissime et magouilleur de Southampton. Déshérité, je survis depuis quelques années grâce au théâtre. Quand je suis sorti du George Birnes Theater dans le froid et le brouillard de cette nuit automnale; je décidais de finir la soirée chez « Mrs Goldfingers », une maison close ou exerçait la charmante Kelly O’Connor, une beauté irlandaise dont j’avais fait ma maitresse. Je contracterai d’ailleurs la syphilis par l’intermédiaire de cette délicieuse jeune femme et ma vie dissolue prendra fin en 1885, rongée par la maladie. Mais ce soir je ne suis pas encore sur mon lit de mort et j’ai très envie d’être en sa compagnie; je la suis dans la chambre. Une fois l’affaire patiemment accomplie, je m’affale dans le grand lit confortable qui est aussi (accessoirement) le lieu de travail de cette jeune poupée. Elle vient se blottir contre moi, sa peau douce et fraiche contre la mienne râpeuse, odorante. Un long silence remplit de tendresse non dite s’installe et c’est elle qui finit par le briser. Elle me demande tout bas pourquoi moi, le fils d’un des Lord les plus riches de l’empire a été renié et obligé de jouer la comédie pour gagner sa subsistance. Je jette un regard rapide sur son beau corps et je remonte de la taille vers la poitrine et de la poitrine à ses grands yeux. Ils sont d’un bleu sombre, profond, marin tels l’océan. Ses cils sont noirs et sa peau blanche me rappellent le navire que mon père m’avait confié. C’était un majestueux clipper de soixante mètres, fin et acéré comme les pires écueils, la coque d’ébène et ses grandes voiles de coton en faisaient un royal