Valladolid
La forme adoptée ici est celle du procès : le juge, représenté par le prélat du pape, pèse les arguments de l'avocat de la défense, Bartolomé de Las Casas (père dominicain officiant dans le Nouveau Monde), et du procureur, Ginès de Sépulvéda, traducteur d'Aristote et grand ami de Cortès. Les témoins sont d'une part un échantillon d'Indiens amenés d'Amérique (qui se voient devenir l'objet de multiples expériences censées confirmer ou infirmer leur appartenance à l'humanité) et d'autre part deux colons soulignant l'importance économique de la dispute.
Si l'argumentation tombe dans un manichéisme en décalage avec la complexité de la question (comment ne pas accorder sa préférence pour un Bartolomé de Las Casas défenseur des droits humains, dénonciateur des multiples massacres qui jalonnent sa mission lorsque celui-ci se voit confronté à l'obscurantisme poussé à son paroxysme en la personne d'un philosophe enfermé dans sa logique aristotélicienne ?), on peut toutefois relever ses principales articulations : dans la première partie du débat, Bartolomé de Las Casas décrit les massacres subis par les populations indigènes. Sépulvéda développe quant à lui sa défense de la colonisation à outrance à partir du verset : « Je