Valladolid
Jean-Claude Carrière, 1992
Intro : Jean-Claude Carrière est un metteur en scène, scénariste, écrivain contemporain, né en 1931. En 1992, il publie La Controverse De Valladolid, œuvre adaptée au cinéma en 1993. Il s’agit d’un roman historique, inspiré d’une controverse qui eut lieu en Espagne, à Valladolid, à l’initiative de Charles Quint. Dans son roman, Jean-Claude Carrière met en scène les principaux protagonistes du débat historique, à savoir le théologien Sépulvéda et le Dominicain Las Casas : le débat historique portait sur la manière d’évangéliser les Amérindiens. Jean-Claude Carrière imagine un débat portant sur leur nature même : sont-ils des hommes à part entières ou des êtres inférieurs ? Le passage étudié, tiré du chapitre 7 aborde explicitement cette question. En quoi cet extrait révèle-t-il deux conceptions radicalement différentes du rapport à l’Autre ? Nous verrons tout d’abord en quoi l’argumentation de Sépulvéda et celle de Las Casas s’opposent. Puis nous montrerons que le passage n’oppose pas seulement deux doctrines différentes mais également deux tempéraments.
I. Étude de l’argumentation :
1. Les thèses :
Les thèses en question sont exprimées. Celle de Sépulvéda est explicite : « les habitants du nouveau Monde sont des esclaves par nature » (l.1-2). Celle de Las Casas est implicite mais par opposition sa thèse est : les Amérindiens sont des Hommes à part entières.
2. Arguments et exemples :
a) Sépulvéda :
L’argumentation de Sépulvéda est marquée par un regard extérieur, un regard ethnocentrique, qui base ses arguments par rapport à sa propre culture.
En effet, il critique l’intelligence des Amérindiens, ils sont pour lui incultes et sauvages : « incapable de toute initiative, de toute invention », « habiles à copier les gestes et les attitudes des Espagnols, leurs supérieurs ». (l.7 à 9)
Il les accuse d’un retard technologique, mise en évident avec une énumération : « Ils ignorent l’usage du métal, des