L’homme s’est faufilé telle un fauve au travers de la foule. Il était inquiet et on pouvait lire l’angoisse dans sa respiration qui ne suivait plus que le rythme de son coeur déchainé. Il n’avait pas encore atteint la place d’où les trois tires, qui n’ont laissé comme traces que trois tâches rouges sur le torse de son employeur et le bruit du pistolet qui résonnaient encore dans sa tête, étaient partis. Négligeant la petite fille qui se trouvait sur son passage, notre homme la bouscula violemment. Les deux boules de glaces saveur framboise et vanille qu’elle tenait à deux mains, faute de ne pouvoir tenir le cornet à une main, firent un saut digne des J.O et finirent leurs pirouettes par une réception sur sa belle robe blanche qui ne l’était plus. Pas le temps de s’occuper de la fillette qui était maintenant en deuil devant la flaque de ce qu’il restait des dites boules de glaces, l’homme devait poursuivre sa course quasi linéaire en direction du lieu du drame. Il espérait que son employeur -qui n’était autre que son meilleur ami- soit encore en vie, il le fallait ! Un grand sentiment de culpabilité c’était immiscé dans tout son être et, pendant un instant, il sentit son corps le lâcher sous la pression qui pesait sur lui. Notre coureur allait tomber et perdre des secondes très précieuses. Mais le vent tourne enfin en sa faveur ! Le sprinteur rebondit sur le ventre volumineux d’un homme dont les poches étaient remplies des gains qu’il avait fait durant la soirée. Le choc fut tel que les billets s’échappèrent des poches de ce deuxième homme et la foule qui occupait les lieux n’avait plus d’intérêt que pour les bouts de papiers qui retombaient en zigzagant. Le raisonnement a vite été fait par le garde du corps qui voit enfin le bout de cette course de 100m interminables. La foule, attirée par les beaux billets, avait quasiment laissé la voie libre et l’homme déterminé entreprit le sprint final jusqu’à arriver à la hauteur de son ami mais... Il se rendit vite compte