Verite Philo Nietzsche Word
Tous les philosophes – il faut cependant entendre par là la grande majorité – en construisant leurs raisonnements, en élaborant leurs doctrines, leurs systèmes, ont remis en cause les philosophes qui les avaient précédés et ont réfutés leurs doctrines. Chacun d'entre eux prétendait avoir vu plus loin, avoir vu mieux. Le questionnement philosophique, avec l'avancée des siècles, s'est fait de plus en plus critique à l'égard de la tradition qui la talonnait, et l'on a pu souvent estimer qu'il en était arrivé à sa forme définitive ; Kant, avec son criticisme, qui a été jusqu'à élaborer une architecture de la raison, et qu'il a délimité dans ses ambitions aurait pu avoir mis fin à l'évolution de la tâche philosophique, désormais strictement bornée et ayant une règle à suivre. Hegel, lui, a nié le fait qu'une science puisse couvrir totalement le champ du réel, que l'erreur des autres philosophes avait été de prendre pour l'absolu une certaine étape de la connaissance. Mais l'idéalisme allemand était loin de mettre fin à la plasticité du questionnement philosophique et Nietzsche l'interrogea de manière encore plus radicale. La philosophie s'est jusque lui, pense Nietzsche, construite sur des préjugés, elle a été enfermée dans des systèmes de valeurs (notamment religieux) sans s'en rendre compte, et n'a jamais été jusqu'à interroger ces valeurs qui elles-mêmes ne sont pas données, mais bel et bien façonnées. Une de ces valeurs, qui s'est imposée comme au principe de toute philosophie est celle de la vérité, jamais remise en cause, étant pour tous une essence objective des choses, qu'il suffirait de connaître pour connaître le monde; le primat de la vérité ne reposerait que sur des présupposés, qu'il faudrait questionner mais également abolir pour faire face à la problématique des valeurs, bien plus fondamentale. « Que la vérité vaille plus que l'apparence, dit-il dans le fragment 34 de Par-delà bien et mal, ce n'est rien de plus