Vhik
Texte 2
La Chute
J’étais monté sur le pont des Arts, désert à cette heure, pour regarder le fleuve qu’on devinait à peine dans la nuit maintenant venue. Face au Vert-Galant, je dominais l’île. Je sentais monter en moi un vaste sentiment de puissance et, comment dirais-je, d’achèvement, qui dilatait mon cœur. Je me redressai et j’allais allumer une cigarette, la cigarette de la satisfaction, quand, au même moment, un rire éclata derrière moi. Surpris, je fis une brusque volte-face : il n’y avait personne. J’allai jusqu’au garde-fou : aucune péniche, aucune barque. Je me retournai vers l’île et, de nouveau, j’entendis le rire dans mon dos, un peu plus lointain, comme s’il descendait le fleuve. Je restais là, immobile. Le rire décroissait, mais je l’entendais encore distinctement derrière moi, venu de nulle part, sinon des eaux. En même temps, je percevais les battements précipités de mon cœur. Entendez-moi bien, ce rire n’avait rien de mystérieux ; c’était un bon rire, naturel, presque amical, qui remettait les choses en place. Bientôt d’ailleurs, je n’entendis plus rien. Je regagnai les quais, pris la rue Dauphine, achetai des cigarettes dont je n’avais nul besoin. J’étais étourdi, je respirais mal. Ce soir-là, j’appelai un ami qui n’était pas chez lui. J’hésitais à sortir, quand, soudain, j’entendis rire sous mes fenêtres. J’ouvris. Sur le trottoir, en effet, des jeunes gens se séparaient joyeusement. Je refermai les fenêtres en haussant les épaules ; après tout, j’avais un dossier à étudier. Je me rendis dans la salle de bains pour boire un verre d’eau. Mon image souriait dans la glace, mais il me sembla que mon sourire était double...
L'excipit
Texte 4
La Chute
Mais, bien entendu, vous n’êtes pas policier, ce serait trop simple. Comment ? Ah ! je m’en doutais voyez-vous. Cette étrange affection que je sentais pour vous avait donc du sens. Vous exercez à Paris la belle profession d’avocat ! Je savais