Victor hugo
L’inconséquence de Victor Hugo
L’attitude d’un grand esprit comme Victor Hugo, défenseur du droit et des miséreux, est révélatrice de cette attitude. Né en l802, il est contemporain des premières guerres d’Algérie et, dans les dernières années de sa vie, il voit se former sous ses yeux le projet d’empire colonial républicain. Pourtant, il ne consacre spécifiquement aucune œuvre ni aucun article à la colonisation. [...]
Sous la monarchie de Juillet, [...] les quelques lignes qu’il laisse dans ses carnets, à la fin des années 1830, le font apparaître comme un ferme partisan de la colonisation de l’ancienne Régence d’Alger : « Algérie. La colonisation militaire doit couvrir et envelopper la colonisation civile comme la muraille couvre et enveloppe la cité. La colonisation militaire, c’est une muraille vivante. Quel meilleur obstacle continu qu’un camp français ? Mettez le soldat en avant du colon comme vous mettez un fer au bout d’une lance. » [1] Dans les années 1840, on sait qu’il rencontre à deux reprises Bugeaud : une première fois en janvier 1841, à la veille du départ de celui-ci pour Alger où Louis-Philippe vient de le nommer gouverneur ; et une seconde en 1846, Hugo étant devenu pair de France et Bugeaud venant le trouver pour qu’il soutienne ses propositions pour la colonisation de l’Algérie et les demandes budgétaires qui en découlent. Hugo n’en parle pas lui-même, mais sa femme Adèle a laissé des notes qui relatent leurs conversations.
En 1841, elle révèle un désaccord entre Bugeaud et Hugo. Non pas que le général ait pu se montrer réservé envers la colonisation : probablement la