L'esclava", une "chose c#minelle" (Schoelcher)

Lettre de Victor Hugo.
Lettre de Victor HUGO à M. HEURTELOU, rédacteur en chef du Progrès Le Progrès, journal haïtien de Port-au-Prince, publia la lettre suivante, écrite par
Victor Hugo à M. Heurtelou, rédacteur en chef de ce journal. Hugo y répond aux remerciements que M.Heurtelou lui avait adressés pour sa lettre du 2 décembre 1859
(publiée dans plusieurs journaux et destinée aux Etats-Unis d'Amérique), prenant la défense de John Brown. Ce dernier (1800-1859), un homme politique blanc américain et abolitionniste convaincu, constitua une troupe armée afin d'inciter les esclaves des plantations à se révolter contre leurs maîtres. Dans sa lutte contre l'esclavage, il s'empara d'un arsenal. Arrêté, il fut condamné à mort et pendu. Hauteville-House, 1 mars 1860. Vous êtes, monsieur, un noble échantillon de cette humanité noire si longtemps opprimée et méconnue. D’un bout à l’autre de la terre, la même flamme est dans l’homme; et les noirs comme vous le prouvent. Y a-t-il eu plusieurs Adam? Les naturalistes peuvent discuter la question ; mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a qu’un Dieu.

 Puisqu’il n’y a qu’un père, nous sommes frères. C’est pour cette vérité que John
Brown est mort; c’est pour cette vérité que je lutte. Vous m’en remerciez, et je ne saurais vous dire combien vos belles paroles me touchent. Il n’y a sur la terre ni blancs ni noirs, il y a des esprits ; vous en êtes un. Devant
Dieu, toutes les âmes sont blanches. J’aime votre pays, votre race, votre liberté, votre révolution, votre république.
Votre île magnifique et douce plaît à cette heure aux âmes libres ; elle vient de donner un grand exemple ; elle a brisé le despotisme. Elle nous aidera à briser l’esclavage. Car la servitude, sous toutes ses formes, disparaîtra. Ce que les États du Sud viennent de tuer, ce n’est pas John Brown, c’est l’esclavage. Dès aujourd’hui,